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Affichage des articles du janvier, 2020

[Démocratie] Le cordon élastique

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Quand il fut élaboré à la fin des années 1980 par des progressistes flamands, le cordon sanitaire avait un sens précis : un engagement à ne jamais passer d’alliance politique, nulle part, avec l’extrême droite. Pas plus, pas moins. Tous les partis flamands de l’époque l’avaient signé. Et, pendant plus de trente ans, le cordon a tenu. Aujourd’hui, techniquement, il tient toujours. Mais politiquement, il est mort. En menant pendant deux mois des pourparlers avec le Vlaams Belang en vue de constituer le gouvernement flamand, Bart De Wever montrait à sa manière qu’il “avait entendu le signal de l’électeur”  venant de faire du VB le deuxième parti de Flandre. Il n’y a renoncé que faute d’un troisième partenaire numériquement indispensable. Mais qui s’en étonne ? La “dédiabolisation” de l’extrême droite bat son plein en Europe depuis des années. Et ça donne des résultats. Pour ne prendre que les plus récents : en  Autriche , en  Andalousie  et même en  Hongrie  où le parti Jobbik parti

[Extrême droite] Auschwitz à Jérusalem

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Auschwitz. Ma famille a une histoire avec ce camp. Ma mère, Szajndla dite Sonia, y fut déportée de Malines en janvier 1944, avec le 23 e  convoi. Peu de temps après, elle donna naissance à une petite fille qui fut doucement euthanasiée pour éviter pire. Mon père, Yisroël dit Charles, arriva un peu plus tard, avec le 24 e  convoi, l’avant-dernier, accompagné de sa femme et du plus jeune de ses trois enfants. À l’arrivée, ils furent séparés sur la rampe. Mon père rentra dans le camp. Sa femme et son fils furent poussés dans l’autre file. Ils allaient prendre une douche. On ne devait plus les revoir. Leurs noms sont gravés sur les murs du mémorial juif d’Anderlecht, parmi plus de 25 000 autres noms. Mes parents se sont rencontrés après la Libération, quand des lambeaux de familles détruites se recollaient ensemble parce qu’il fallait bien continuer à vivre. Ils étaient communistes. Et, en même temps, juifs jusqu’au bout des ongles. Par leur profession (mon père tailleur pour dames, m

[Bruxelles] Kir, la laïcité et le communautarisme

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Dans Le Soir et La Libre , les éditorialistes montent au créneau : l’expulsion d’Emir Kir des rangs du PS doit donner le signal d’une lutte enfin résolue pour la laïcité et contre le communautarisme. Et ça se répète en boucle depuis quelques jours. Je tombe des nues : mais ça n’a rien à voir ! En quoi les comportements clientélistes d’Emir Kir et sa complaisance vis-à-vis du nationalisme turc menacent-ils la laïcité ? Il a fait bénir la maison communale par un imam ? Interdit la consommation d’alcool dans les pubs de la chaussée de Louvain ? Imposé le port de la barbe dans son collège ? À moins qu’en tant que bourgmestre réputé musulman, il menacerait la laïcité par définition, comme si « musulman » et « laïque » étaient antinomiques ? N’importe quoi.  Quant au communautarisme, c’est pire. D’abord, le mot n’est jamais défini, sa seule énonciation étant considérée comme suffisante pour faire trembler dans les chaumières. C’est quoi, en fait, le communautarisme ? Se regrouper

Bienvenue

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Je reviens sur la toile avec le blog cosmopolite.  C’est un blog généraliste. I l est donc susceptible de parler de tout. Mais à partir d’un point de vue particulier. Je m’exprime depuis un lieu géographique précis (Bruxelles, Belgique), depuis une position sociale (petite classe moyenne intellectuelle), à partir d’une trajectoire familiale singulière (parents issus de l’immigration juive polonaise et rescapés du judéocide) et à l’intérieur d’un univers culturel structuré par la langue française et principalement nourri par ce qui s’écrit dans cette langue.  Sonia, ma mère, écrit. (Lukow, Pologne, 1936) J’aime écrire. Ça m’aide à penser. Passionné par les questions politiques – toutes celles qui découlent du simple fait que les êtres humains vivent en société –, j’essaie de les aborder avec honnêteté. Je le sais, mes perceptions sont forcément partielles et mes réfléxions en seront affectées. Mais j’espère échapper à cette prétention si fréquente chez les intellectuels de